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La publication médicale : le pass pour l’accès marché

La publication est le dernier kilomètre du projet de recherche. La R&D est faite, l’étude préclinique ou clinique a été réalisée. La start-up dispose enfin de données solides et de preuves tangibles de l’efficacité de son produit. Il n’y a plus qu’à coucher tout cela sur papier et le faire savoir au monde entier. Oui, mais non. Pas le temps. Pas l’expertise. On verra plus tard…
Et pourtant, la publication est clé. Et comme les délais de publication peuvent être longs, mieux vaut s’y atteler tôt, tant que les données sont fraîches, la bibliographie à jour et les parties prenantes mobilisées. Dans ce billet, nous passons au crible l’importance de publier ses données et comment faire pour que ce soit une expérience plaisante.

Pourquoi publier ?

Au-delà de l’envie personnelle d’avoir son nom associé à un journal biomédical prestigieux, la publication en anglais dans un journal international à comité de lecture officialise les résultats et donne de la crédibilité au projet. C’est une preuve pour les futurs prescripteurs, les investisseurs, les patients.
C’est également l’occasion d’une opération de communication en partageant ses résultats publiquement en congrès, auprès de la presse professionnelle, etc. c’est aussi à partir de cette publication princeps que pourront s’articuler sur tout autre support marketing les messages clé.
De manière très prosaïque, la publication sera également exigée par les autorités de santé, notamment la Haute Autorité de Santé (HAS) pour étudier une demande de remboursement au moment de l’accès au marché. En résumé, pas de publication, pas de marché.

Quels sont donc les freins aujourd'hui pour les start-ups ?

Dans les principales raisons, on citera :

  • le manque de considération de la start-up pour la publication car elle n’a pas forcément la culture de la publication scientifique,
  • le défaut de ressources et/ou de compétences en interne pour prendre en charge la recherche bibliographique initiale et incontournable, la rédaction (compétences techniques et scientifiques, connaissance des éléments de langages et du jargon, maîtrise courante – idéalement native – de l’anglais, capacité à nuancer les propos dans la partie discussion, capacité à faire l’analyse statistique des données et rendre un rapport statistique, etc.),
  • le besoin d’accompagnement pour la sélection stratégique du journal cible (impact factor, ligne éditoriale, instructions aux auteurs et règles de soumission et publication de chaque journal, etc.).
    Pour quelqu’un qui n’est pas rompu à l’exercice, la publication peut se transformer en parcours du combattant.

Quand publier ? A quels délais s’attendre ?

Dans un scenario optimiste – hypothèse où l’article soumis serait accepté du premier coup pour publication – le délai de la soumission à la publication peut varier de 1 mois à 1 an.

Dans les coulisses, l’article est d’abord examiné par l’éditeur du journal, qui peut décider ou non d’envoyer l’article en révision auprès d’experts du domaine (les pairs). En général, trois experts externes rendent leur avis sur l’article et peuvent demander des compléments qui vont du simple argumentaire écrit à la génération de données supplémentaires ce qui, le cas échéant, implique de reprendre les expérimentations et d’allonger substantiellement les délais de publication. Il faut compter en moyenne 2 à 4 mois selon le degré de révision.

Quels risques si la publication tarde ?

Si la publication tarde à venir, le risque principal est de se faire doubler par un compétiteur qui publie avant. Dans ce cas, la primeur de l’annonce de l’innovation irait à ce compétiteur-là.
Par ailleurs, dans le cas où des données supplémentaires sont demandées par les experts reviewers, il est parfois très compliqué de se les procurer, surtout si le projet n’est plus à l’ordre du jour chez le partenaire clinique ou académique de l’étude.

Comment choisir son journal ?

Il y a deux types de journaux : en open access et les journaux traditionnels. Pour les journaux open access, la soumission d’article est payante (jusqu’à 5 000€ selon le journal) et en contrepartie lorsque l’article est publié, il est libre d’accès et diffusable librement. Dans les journaux traditionnels, la publication est souvent gratuite mais l’article publié est payant, donc moins facile pour des tiers d’accéder à son contenu.

L’impact factor est un autre élément clé. Plus l’impact factor est élevé, plus le journal est réputé… et plus il est difficile d’y publier. En visant un journal à impact factor trop élevé, il est possible d’essuyer des revers et d’allonger mécaniquement les délais de publication. En revanche, un impact factor élevé est également un facteur de crédibilité et une reconnaissance supplémentaire par les pairs.

Pour arbitrer, la start-up doit préalablement s’interroger sur ses objectifs de publication : est-ce important de publier rapidement ? de s’assurer que le contenu soit accessible à un maximum de personne ? d’être dans un journal prestigieux ? 

Il y a un équilibre à trouver entre ces différents paramètres. Le choix du journal doit être discuté en amont car les intérêts peuvent diverger entre des contributeurs académiques qui chercheront à publier dans des journaux de qualité pour soutenir leur carrière scientifique et médicale et la start-up qui a souvent besoin de vite publier, quitte à se tourner vers un journal à impact factor moins ambitieux.

Comment gagner en temps et en impact ?

Moyennant un budget, il est possible de déléguer cette noble tâche à un professionnel en passant par un rédacteur médical. Dans ce cas, la start-up fournit les données brutes, les hypothèses testées, les axes de discussion et la démonstration attendue. L’accompagnement est sur-mesure : de l’analyse statistique des données, à la bibliographie, la rédaction, la correction, l’accompagnement pour le choix du journal, jusqu’à la procédure de soumission et la liaison avec le comité éditorial du journal.
Pour donner du poids et de la crédibilité à sa publication, il est essentiel d’impliquer son Conseil scientifique dans la relecture de l’article, voire comme auteur. Idéalement, proposer à un ponte de s’investir dès le démarrage du projet à la publication en enrichissant de son expertise la discussion.
Pour pouvoir partager rapidement les résultats de ses travaux, en attendant la publication officielle dans un journal à comité de lecture, nombreux sont ceux qui publient leurs résultats dans les archives publiques de type bioXriv ou medRxiv. C’est un moyen pratique d’avoir une date d’antériorité et un lien URL à diffuser.

Conclusion

l y a une prise de conscience progressive de l’importance de la publication dans les start-ups et le recours à des rédacteurs médicaux est en croissance. Dans tous les cas, l’important est de ne pas perdre de temps avec le processus de publication et s’y atteler dès que les données sont disponibles. La validité des résultats passe par la publication scientifique. The sooner, the better.

Propos recueillis auprès de Erwan Floch, CEO Newmed Publishing (membre corporate d’Angels Santé). janvier 2022